MAURICE MAETERLINCK

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Extraits de "Quinze Chansons":

 

I-

Elle l'enchaîna dans une grotte,
Elle fit un signe sur la porte ;
La vierge oublia la lumière
Et la clef tomba dans la mer.

Elle attendit les jours d'été :
Elle attendit plus de sept ans,
Tous les ans passait un passant.

Elle attendit les jours d'hiver ;
Et ses cheveux en attendant
Se rappelèrent la lumière.

Ils la cherchèrent, ils la trouvèrent,
Ils se glissèrent entre les pierres
Et éclairèrent les rochers.

Un soir un passant passe encore,
Il ne comprend pas la clarté
Et n'ose pas en approcher.

Il croit que c'est un signe étrange,
Il croit que c'est une source d'or,
Il croit que c'est un jeu des anges,
Il se détourne et passe encore…

 

 

II-

Et s'il revenait un jour
Que faut-il lui dire ?
- Dites- lui qu'on l'attendit
Jusqu'à en mourir…

Et s'il m'interroge encore
Sans me reconnaître ?
Parlez-lui comme une sœur,
Il souffre peut-être…

Et s'il demande où vous êtes
Que faut-il répondre ?
- Donnez-lui mon anneau d'or
Sans rien lui répondre…

Et s'il veut savoir pourquoi
La salle est déserte ?
- Montrez-lui la lampe éteinte
Et la porte ouverte…

Et s'il m'interroge alors
Sur la dernière heure ?
- Dites-lui que j'ai souri
De peur qu'il ne pleure…

 


 

VI-

On est venu dire,
(Mon enfant, j'ai peur)
On est venu dire
Qu'il allait partir…

Ma lampe allumée,
(Mon enfant, j'ai peur)
Ma lampe allumée,
Me suis approchée…

A la première porte,
(Mon enfant, j'ai peur)
A la première porte,
La flamme a tremblé…

A la seconde porte,
(Mon enfant, j'ai peur)
A la seconde porte,
La flamme a parlé…

A la troisième porte,
(Mon enfant, j'ai peur)
A la troisième porte,
La lumière est morte…

 

 

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