Samedi 28 Mars 2020 - On vit vraiment une drôle d'époque.
- le T3 des Salauds Gentilshommes de Scott Lynch: la République des Voleurs. Avec de nombreux flashbacks, Lynch construit méticuleusement le passé de ses personnages dans ce tome qui sent un peu l'épisode de transition, mais qui reste superbement écrit et passionnant de bout en bout. je me demande vraiment ce qu'il nous réserve pour la suite. - Wyld, T1 ( La gloire ou la mort) et T2 (la Rose de sang) de Nicholas Eames. Wyld ressemble au début à une parodie de partie de Donjons et Dragons. Une intrigue simplissime, une accumulation de clichés, un monde farfelu qui rassemble tous les archétypes de la fantasy. Et pourtant. On est embarqué immédiatement par des personnages hyper attachants, le rythme est épique, c'est hilarant et on ne s'ennuie pas une seconde. Sa grande originalité est de marier la fantasy classique au monde de la musique (du rock en particulier), où les aventuriers deviennent des performers et la chasse aux monstres une forme d'industrie du divertissement.
C'est le premier dessin que j'arrive à faire depuis des mégalustres, depuis début mars en fait. Hier, j'ai fini un collage chose qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps aussi, ce n'est pas juste le boulot, aucun de mes projets persos ne me motive. On pourrait croire que le confinement ne change rien à notre mode de vie et en théorie c'est vrai. Rester enfermée à bosser c'est par exemple ce qu'on a fait toutes les vacances de février (si on avait su!). Sauf que l'état d'esprit a complètement changé et je me retrouve incapable de me concentrer sur quoi que ce soit de créatif. Le stress et cet état de perpétuelle attente qu'il se passe quelque chose fait que j'ai le nez rivé sur les news, et que je n'ai qu'une envie c'est me distraire et pas réfléchir, et je culpabilise en permanence. Les réseaux sociaux n'arrangent rien, il y a un flot continu d'injonctions à être productif/créatif, à participer à plein de trucs et ça me provoque un effet de rejet au lieu de m'encourager. Ca me déprime et je me sens comme une loque parce que je ne suis pas le mouvement, je n'y arrive pas, je n'ai pas envie. J'en peux plus des "profitez de ce temps pour" et des "il est temps de". Faites-ci, faites ça, bla bla bla. Comme le disait très justement Obion (sur Twitter): "La créativité en ces jours de confinement, c'est un peu compliqué : parler de la crise implique un certain manque d'originalité. Parler de tout autre chose implique un certain manque de sens." C'est exactement ce que je ressens. Mais il n'y a que les gens qui ont connu une certaine forme de dépression qui comprennent ça. Les autres te regardent de travers en te disant "bah t'as qu'à faire ci et ça faudra pas te plaindre si tu prends du retard" en te traitant limite de feignasse comme si la perte du sens en création était quelque chose de souhaitable pour quiconque.
Lundi 27 Janvier 2020 - Typique des gens qui pleuvent autrement qu'à la troisième personne du singulier. (source)
Last but not least, un coup de pouce à Colpizen qui a dessiné un Inktober très beau dans le style cartographie imaginaire, et tente d'en faire un calendrier via un crowdfunding. Je croise tous les doigts pour que ça aboutisse, allez les gens, je veux mon calendrier! * aparté: Ca m'énerve beaucoup qu'on n'ait qu'un seul mot en français pour ces deux objets très différents, carte à jouer et carte routière alors que les anglais ont 2 mots: "card" et "map". Ca m'énerve tout autant quand on parle de papeterie que les anglais n'aient qu'un seul mot "stamp" pour dire à la fois tampon et timbre. CE N'EST PAS PRATIQUE. >_<
Mercredi 01 Janvier 2020 - Fleurs sur toi, fleurs sur tes ancêtres, fleurs sur ta vache!
- Reine de Cendre T1 (Erica Johansen) Ceux qui ne sont pas en italiques = pas de la littérature fantastique. La 5eme Saison de NK Jemisin est le premier tome d'une trilogie, celle de la Terre Fracturée qui lui a fait remporter 3 prix Hugo, rien que ça. Très beau roman, le monde en perpétuel état de catastrophe naturelle est super original, la construction du récit habile et étonnante, la critique sociale féroce. C'est aussi un monde très dur, pas juste de la post-apo mais... de l'apocalypse permanente, avec une société contrainte à la survie et à l'oubli. L'impression de froideur est renforcée par le fait qu'on s'attache peu aux personnages qui semblent n'aimer rien ni personne (c'est peut-être le seul bémol).
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